qui, jusqu’à la guerre de sept ans, se sont assez souvent prolongés bien avant dans la nuit, Frédéric demanda aux convives comment chacun d’eux voudrait gouverner s’il était roi. Il y eut une vive contestation entre tous pour étaler leurs maximes politiques ; c’était à qui tracerait ses plans le premier et étalerait le mieux son système : le marquis les écoutait et ne disait rien ; à la fin le roi s’aperçut de son silence, et lui demanda de dire aussi ce qu’il ferait s’il était à sa place. « Moi, Sire, répondit le marquis, je vendrais bien vite mon royaume pour acheter une bonne terre en France. » Cette plaisanterie, au moyen de laquelle il échappait au ridicule de débiter une doctrine déplacée ou ridicule, obtint l’approbation du roi et fit cesser cette discussion. C’est d’après de semblables disputes que Frédéric écrivit, dans un moment de mauvaise humeur, que s’il voulait bien punir une province, il la donnerait à gouverner à des philosophes. »
Mais ce mot rapporté par les historiens de la vie de ce prince, examiné de près, ne signifie rien ; ce n’est qu’une boutade ou un jeu d’esprit. Frédéric lui-même était philosophe, et les plus grands monarques, dont il était admirateur, l’ont été. À moins d’être un