me paraissait aussi avoir quelque chose dans l’esprit : je leur en demandai à toutes deux la cause. Vous voyez ma fille, me dit madame Besaudin ; elle veut perdre sa fortune par opiniâtreté. Un homme riche comme un Crésus la veut épouser, et mademoiselle le trouve trop vieux. J’eus besoin de tous les efforts imaginables pour cacher les mouvemens que cette nouvelle m’avait causés. Madame, lui dis-je, lorsqu’il s’agit de l’établissement de toute la vie, on n’y saurait trop penser ; il faut un peu d’amour dans le ménage, ou il devient bien triste dans peu de temps. Il y faut de l’argent, me répondit-elle ; il faut fonder la cuisine, et puis l’amour vient s’il peut.
Comme elle allait enfiler une foule de proverbes dont elle n’était pas chiche, on vint l’avertir que son procureur venait la chercher pour aller chez un de ses juges. Monsieur, me dit-elle, vous êtes de nos amis, tâchez de la persuader, elle ne trouvera jamais la fortune qu’elle perd. Dès qu’elle fut sortie, ma maîtresse se mit à pleurer, je m’efforçai de la consoler. Non, me dit-elle, je veux me retirer dans un couvent, mon parti est pris. Eh quoi, lui dis-je ! vous voulez donc me réduire au désespoir ? Quoi ! vous me quittez pour tou-