Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/262

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arrêté quelques jours à Aix avec moi ; je lui dis naturellement l’état où j’étais ; il me parla en galant homme, et quoiqu’il me plaignît, il ne me cacha point que rien ne pouvait ni ne devait m’engager à faire un établissement contre le gré de mes parens. J’ai suivi ses conseils, et quoique j’aie trouvé plusieurs fois des occasions bien séduisantes, j’y ai toujours résisté.

Clairaç ne put pas rester long-temps avec moi ; il était obligé de se rendre à Paris. Pour dissiper mes chagrins et me consoler de l’absence de mon ami et de ma maîtresse, je résolus de me faire un amusement à l’opéra. Il y avait une actrice et une danseuse fort jolies ; c’étaient là les deux seules qui entraînassent tous les suffrages. Elles n’avaient point encore d’amant en titre, mais elles avaient plusieurs prétendans ; je me mis du nombre, et l’expérience que le long usage du théâtre m’avait acquise, me donna bientôt l’avantage sur eux.

Ce fut dans un soupé que je donnai dans une maison de campagne, que je commençai à battre mes rivaux en ruine. Es s’aperçurent de la préférence, et complotèrent tous ensemble contre, moi. Ils s’y prirent de façon