cardinal son frère. J’allai m’embarquer à Marseille et passai chez moi, sans que ma famille le sût ; je ne vis que mon frère, qui vint m’accompagner jusque dans le vaisseau. J’eus un vent si favorable, que dans deux fois vingt-quatre heures je fus à Civita Vecchia. Là je pris une chaise de louage, qui dans huit heures de temps me mena à Rome.
J’allai le lendemain rendre mes lettres. L’évêque d’Halicarnasse, à qui j’étais adressé, me présenta au cardinal de Polignac : je dînai ce jour-là avec son éminence : elle me demanda ce qu’on disait en France de nouveau : on m’avait prévenu de ce que je devais répondre, s’il me faisait cette question : je lui dis qu’on était fort étonné qu’il eût demandé son rappel,
est une des plus illustres de France ; le vicomte dont il est question ici, était l’aîné de la famille et aïeul du duc de Polignaç qui a joui d’une grande faveur sous le court règne de Louis XVI. Le cardinal était un homme du plus agréable esprit et du plus grand mérite ; il est auteur de l’Anti-Lucrèce, poëme latin où la plus belle versification se trouve réunie à la force du raisonnement. Il fut envoyé à Rome aprés la mort d’Innocent XIII, arrivée en 1724, et y resta huit ans chargé des affaires de France ; c’est dans cet intervalle que le marquis d’Argens alla le voir.