et qu’on disait hautement que les affaires de France en souffriraient beaucoup ; il me parut satisfait. J’en demandai la raison quelque temps après à une personne de considération, qui pouvait et devait même la savoir. Voici ce qu’elle me dit :
« Vous avez sans doute entendu parler de la conjuration des Marmousets : c’est le nom qu’on donne à la cabale que messieurs les ducs d’Egmont et de Gesvres avaient faite contre le cardinal de Fleury. Quoiqu’il n’y ait que ces deux jeunes seigneurs qui aient paru, il y avait des gens d’un âge plus avancé qui y prenaient part ; mais ils avaient trop d’expérience et connaissaient trop la cour pour vouloir se découvrir entièrement ; ils attendaient la réussite qu’aurait la démarche de M. d’Egmont, pour faire jouer les ressorts qu’ils avaient préparés. On prétend que le cardinal de Polignac n’ignorait point ce qui se passait, et qu’il se flattait, s’il arrivait un changement dans le ministère, d’occuper la place de celui qui serait disgracié. Vous savez, continua-t-il, le sort qu’eut M. d’Egmont ; il fut exilé avec M. de Gesvres. Dès que le roi les eut disgraciés, toute, la cour leur tourna le