jansénistes ne s’oubliaient pas. Ceux de Paris mendièrent de l’argent et des lettres de recommandation ; ceux de Provence leur envoyèrent en revanche des libelles et des mémoires. Le procès étant achevé d’instruire à Toulon, il fut porté pardevant le parlement d’Aix, où la Cadière demanda la cassation de la procédure. L’affaire fut plaidée à l’audience.
Le baron de Très, avocat-général, portait la parole pour les gens du roi. Les deux partis ont parlé avec tant de passion de ce magistrat, qu’ils ne lui ont rendu justice ni l’un ni l’autre. Les jansénistes ont voulu l’égaler à un Talon et à un de Lamoignon. Les molinistes ont écrit contre lui des invectives dignes plutôt de porte-faix que de gens à qui la probité doit être vénérable et chère. Quoique ma famille ait eu bien des démêlés avec lui, et que je ne l’aime point personnellement, je ne saurais en imposer à la vérité. Le baron de Très a de l’esprit, le don de la parole, un grand usage de son métier, et il est incapable des bassesses qu’on a voulu lui attribuer. Mais il n’a ni la science ni le génie que lui ont donnés les jansénistes, à moins que le mérite d’être leur ami à toute outrance ne donne toutes les vertus au suprême degré.