Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/32

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dissimuler aussi son ressentiment ; il ne voulut point faire imprimer, comme Rousseau l’y autorisait, la lettre qui l’avait détrompé.

Il régnait une grande intimité de confiance entre Frédéric et le marquis d’Argens ; celui-ci paraissait réellement affecté, lorsqu’il apprenait que l’on dût livrer une bataille où la vie du roi pourrait être exposée. Leur correspondance était très-active en temps de guerre, et quelquefois ils passaient ensemble le temps des quartiers d’hiver.

Aussi, lorsque dans la guerre de sept ans, c’est-à-dire, de 1756 à 1763, Frédéric vit ses états envahis par les Russes, les Autrichiens et les Français, et qu’il ne lui restait presqu’aucun espoir de salut, ce fut au marquis d’Argens qu’il fit part du dessein qu’il avait formé de s’ôter la vie.

Voltaire rend compte de cette singularité remarquable dans un roi, avec cette liberté originale de style dont il s’est presque toujours servi en parlant des sottises et des misères humaines. Nous rapporterons ce passage ; il est tiré des Mémoires pour servir à l’histoire de sa vie.

« L’Angleterre, dit-il fit une guerre de pirates à la France pour quelques arpens de