Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/31

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un monument pour les temps à venir, et dans lequel il démasquerait cet hypocrite, et le vilipenderait jusque chez la postérité. Voltaire eut donc un triomphe complet : mais d’Argens ne tarda pas à faire des réflexions. Cette infamie de la part de Jean-Baptiste Rousseau, lui semblait trop grande pour ne pas lui laisser des doutes. Rien ne pouvait l’avoir provoquée ; elle exposait l’auteur à un ressentiment trop dangereux, d’autant plus qu’il ne pouvait y avoir aucune ame honnête qui n’en fût indignée. Le marquis trouva dans ses amis le même doute et les mêmes soupçons ; ce qui le détermina enfin à en écrire à Jean-Baptiste Rousseau lui-même, qui détruisit si parfaitement la calomnie, offrit si loyalement toutes les garanties que le marquis pouvait désirer, et donna enfin des preuves si sensibles de son innocence, qu’il fut bien constaté que l’épigramme n’avait pour auteur que celui qui l’avait dénoncée : faiblesse inexplicable dans un homme du mérite et du talent de Voltaire !

Mais les motifs qui avaient engagé Voltaire à prendre des voies obliques pour punir le marquis d’Argens de s’être déclaré l’admirateur de Rousseau, engagèrent le marquis à