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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/69

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l’admiration et l’enthousiasme que leur inspiraient ses victoires. Tout le monde voulait prendre part à l’entrée triomphante du roi. Malgré sa paresse, le marquis résolut d’en être. Plusieurs personnes formèrent des compagnies à pied et à cheval avec des uniformes neufs. La plus considérable était celle du prince Goltskowski, qui était à cheval. Le marquis s’y était rangé, chose assez extraordinaire, parce qu’il ne s’habillait presque jamais que pour aller chez le roi, et alors il y avait plus de six mois qu’il n’était sorti de sa chambre. Comme il y avait bien vingt ans qu’il n’était monté à cheval, tout le monde lui conseillait de ne pas s’exposer dans cette bruyante et tumultueuse cavalcade. L’enthousiasme qu’il avait pour le roi, lui fit rejeter pour cette fois tous les conseils. Il fit broder un bel uniforme, et l’on chercha un cheval fort doux, qu’il montait tous les matins dans sa cour, quinze jours avant la cérémonie ; précautions passablement bizarres pour un homme qui avait servi, même dans la cavalerie ; mais il était devenu vaporeux et hypocondriaque à l’excès.

Il avait annoncé au roi qu’il irait au-devant de lui avec la cavalcade à la tête de la compa-