Ce spectacle auquel il ne s’attendait pas, le mit dans une colère furieuse ; il examina bien tout, et ensuite envoya chercher un barbouilleur, et fit tout effacer. Le roi, instruit de cette scène, s’en amusa beaucoup ; il la racontait à tous ceux qui voulaient l’entendre.
Malgré la petite guerre que ce prince lui faisait, et les sarcasmes qu’il lui lançait à propos de sa paresse, de ses maladies imaginaires, il ne l’en aimait pas moins. Il voulut, un jour lui en donner une nouvelle preuve en augmentant la pension qu’il lui faisait ; mais d’Argens lui répondit, en présence de plusieurs personnes qui étaient présentes : « Sire, j’ai assez ; votre Majesté a beaucoup de pauvres officiers, c’est à eux qu’il faut donner. » Le roi, charmé de cette réponse honnête et désintéressée, l’en estima davantage, sans cesser pour cela d’avoir de temps en temps des tracasseries avec lui.
Le marquis, de son côté, paraissait être attaché au roi autant et plus peut-être qu’aucun des beaux esprits qui étaient à la cour.
Après la guerre de sept ans, et lorsqu’on attendait Frédéric à Berlin, les habitans avaient fait des préparatifs pour recevoir ce grand prince d’une manière à lui témoigner