Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

marquis, elles affaiblissaient seulement la considération qu’il lui avait d’abord inspirée. La superstition minutieuse et habituelle qu’il remarquait en lui, ajoutait encore au discrédit du philosophe dans l’esprit du monarque.

M. Thiébault nous a conservé des traits de ce dernier genre de faiblesse du marquis ; elles méritent d’être rapportées ici, parce qu’elles confirment ce que nous en avons déjà dit, et seront un exemple de plus des bizarres contradictions que l’on remarque parmi les hommes lettrés de cette époque. Occupés toute leur vie à combattre la superstition ou ce qu’il leur plaisait de qualifier ainsi ; prêchant sans mission et sans objet, s’échauffant sur des matières dont personne ne leur demandait compte, on les a vus souvent, à la fin de leur vie, avoir des faiblesses de vieille femme et mourir avec tout l’attirail d’une conversion tardive.

La seconde cause de discrédit où était tombé le marquis d’Argens, dit M. Thiébault, était ses propres faiblesses, et sur-tout sa superstition. « Il craignait la mort au point que la seule idée d’en être menacé pouvait lui faire faire des choses ridicules. C’est d’après ces dispositions qu’ayant ouï dire que l’urine