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Philosophe.

„ encore à la chair. Quoi ! ne pouvez-vous imiter en partie ces bienheureux Martyrs qui ont été flagellés, tenaillés, rotis, ſans ſouffrir la moindre douleur ; parce que leur imagination étoit tellement occupée de la gloire de Dieu, qu’il n’y avoit dans eux aucune particule d’eſprits qui ne fut employée à cet objet ? C’eſt un mécanique certain, ma chere fille ; nous ſentons, & nous n’avons d’idées du bien & du mal phyſique, comme du bien & du mal moral, que par la voie des ſens. Dès que nous touchons, que nous entendons, que nous voyons, &c. un objet, des particules d’eſprits ſe coulent dans les petites cavités des nerfs qui vont en avertir l’ame. Si vous avez aſſez de ferveur pour raſſembler, par la force de la méditation ſur l’amour que vous devez à Dieu, toutes les particules d’eſprit qui ſont en vous, en les appliquant toutes à cet objet, il eſt certain qu’il n’en reſtera aucune pour avertir l’ame des coups que votre chair recevra ;