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Thérèse

res, nous vous y laiſſeront vacquer. Pour moi je vais me promener avec Mademoiſelle Théreſe ; vous ſçavez l’heure & le lieu du rendez-vous. Ma mere fut enchantée ; les maximes du Pere Dirrag n’étoient point du tout de ſon goût ; elle ſe flatta que les conſeils de Madame C… changeroient mes diſpoſitions pour le Quiétiſme dont on le ſoupçonnoit ; peut-être même agiſſoient-elles de concert. Quoi qu’il en ſoit, elles réuſſirent bientôt au-delà de leurs eſpérances.

Nous ſortîmes donc Madame C… & moi. Mais je n’eus pas fait cent pas, que la douleur que je reſſentois devint ſi vive, que j’avois peine à me ſoutenir. Je faiſois des contorſions horribles, Madame C… s’en apperçut. Qu’avez vous, me dit-elle, ma chere Théreſe ? Il ſemble que vous vous trouviez mal. J’eus beau dire que ce n’étoit rien ; les femmes ſont naturellement curieuſes, elle me fit mille queſtions, qui me jetterent dans un embarras qui ne lui échappa point. Seriez-vous, me dit-elle,