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LA RETRAITE.

morne désespérance, cependant qu’à la basse des tenues frappées comme un glas funèbre semblent vouloir encore arrêter leur élan ; et, dans tout cela, comme une vibration céleste, une mélodie si simple qui lutte et domine et change enfin cette tristesse profonde en une douce mélancolie.

Puis, l’Allegretto, en majeur, celui-là, d’une confiance encourageante, comme une éclaircie et une promesse de bonheur après les affres du prélude.

Elle s’arrêta un temps comme pour entendre le silence de cette nature qui écoutait sans doute, puis, dans un roulement vertigineux, le Presto agitato s’élança impétueux et fier comme encore une conclusion un peu triste, mais d’une énergique espérance.

— Voilà ! fit-elle en se levant.

— Où commençait Beethoven ? dit Jacques.

Elle s’assit à côté de lui sur le divan, très à l’aise. Ils causèrent longuement en regardant le crépuscule baigner lentement le paysage : l’horizon d’abord s’assombrissait et les petits bois, au loin, se confondaient dans le noir : les premiers plans bientôt devinrent vagues aussi ; tout là-bas une lumière dans une unique maisonnette s’alluma.