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SODOME.

Des hommes, on ne sait pourquoi, semblent le résumé de toutes les infirmités, et depuis une chétive enfance jusqu’à une vieillesse caduque, avec une force de résistance inexplicable qui fait de leur vie un long martyre, ils endurent dans une odyssée d’une monotonie mortelle tous les maux du corps ; Jacques en avait entrevu autrefois à l’hôpital et il admirait qu’ils avaient le courage de vivre : c’est d’abord, dans leur enfance, les hideuses écrouelles, expiation, si l’on croit que tout doit se compenser dans notre pauvre nature, de l’inconduite et des excès de leurs parents ; dans les conditions de misère où ils sont nés, la diathèse décomposante progresse et s’accentue, et alors commence pour les malheureux condamnés la vie d’hôpital : et ce n’est pas là un type créé à plaisir, l’essence de différents malades, le total imaginé de plusieurs infirmités ; ces gens existent et Jacques en avait vu. Sans doute, l’amour de vivre pourrait suffisamment expliquer ce courage négatif qui les empêchait de se tuer ; mais chez certains ; il avait remarqué une indifférence et une résignation presque surhumaines et ce qui, en ce moment, dans cette maladie qui le frappait, les lui remettait en mémoire, un intérêt à leurs propres maux, une analyse de leurs souffrances