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LA CHUTE.

définies ou infinies, car celle de Laus n’était que contradictions incompréhensibles. Un seul moyen de la saisir, c’est de penser que, dominée par celle de Jacques, elle en fut le reflet et l’image exacte. Or celle-ci, si répétée, a-t-elle été assez dite ?

On ne peut sans doute la séparer, cette histoire d’une âme, de l’étude du corps qu’elle dirigeait et cette psychologie sans cesse heurtée par des revirements sera peut-être mieux comprise, si l’on pense à quelques phénomènes physiques que présenta Soran vers cette époque, et qu’il eût été possible de prévoir.

Un matin, avec cet enfantillage exquis qui fut une des faces de ce génie, Laus apporta à Jacques un gros bouquet de fleurs : c’était l’anniversaire de sa naissance. Soran avait trente-quatre ans. L’émotion de Jacques, devant cette preuve d’amitié à l’apparence banale, fut telle qu’il pleura beaucoup :

Il prit la tête de Laus entre ses mains, la serra avec force et, comme il allait l’embrasser, il s’arrêta soudain :

— Je veux te sauver, dit-il.

Et alors, dans une explosion d’éloquence contenant tous les remords et toutes les espérances, il le supplia d’oublier ces moments d’oubli qui