Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
L’ENFANCE.

jardin, soit sur la plage, pendant que son père, à la maison, classait des observations de malades, il passait avec elle de longs instants. Il lui racontait sa vie, sa petite vie, chez les Pères. Elle s’étonnait de tout, et, en le voyant si doux, si simple, elle n’avait plus son amertume d’autrefois, elle devenait ambitieuse pour lui. Ce n’était pas Jacques qui rougirait de sa mère ! Il y avait, du reste, chez cette femme, une élévation de sentiments qu’un homme plus ordinaire que son mari eût peut-être mieux comprise. Elle savait parler à son fils, et, dans sa désespérance de tout, elle se cramponnait à cet amour avec rage.

Les vacances s’achevèrent sans incident : on repartit pour Paris et Jacques rentra à Juilly. Il lui semblait venir en vacances. Il revit ses camarades et leurs figures tristes de captifs l’étonnèrent un peu. Il regrettait bien sa mère, mais il allait revoir son ami. Il lui sauta au cou, en effet, le lendemain matin, et l’incolore existence recommença. Ils se retrouvèrent tous deux, au printemps, dans leurs vagabondages à travers le parc. Leurs causeries avaient déjà un tour plus sérieux et ses confessions des péchés plus graves. Il avait souvent réfléchi sur les questions de l’abbé Gratien. Celui-ci, après de vagues interrogatoires, était devenu plus précis, et le chaos