naissait dans le cœur de Jacques. Après le circonspect « n’avez-vous jamais de mauvaises pensées ? » dans lequel le confesseur prudent, sans donner d’éveils malsains, espère faire comprendre ce qu’il n’ose demander, l’abbé Gratien désappointé par de sincères négations suggéra à Jacques l’idée d’attouchements inconnus, et, à la confession suivante, Jacques en avoua : c’est ainsi qu’une sublime institution jeta le trouble dans cette conscience naissante. L’abbé Gratien, avec une ingénue perversité, entretint cet état, et sembla vouloir se donner cette tâche de ramener au bien une âme dévoyée par ses soins.
Et, cependant, l’abbé était un bon prêtre ; sans avoir été jeté au séminaire par une inéluctable vocation, il tendait à la piété et devait y arriver : la pureté de sa vie était parfaite, mais, tout jeune, à vingt six ans, il avait des ignorances grandes que ne pouvait détruire l’étude des Diaconales, et des curiosités qu’éteindraient seules, plus tard, la vie et l’expérience.
Dans ce frottement continuel des camarades, Soran perdit bientôt son innocence ; mais un sentiment de propreté, un orgueil haut sauvegardèrent presque sa chasteté ; quelques fautes commises, mais tout de suite avouées, ne furent pas une habitude, l’attristant.