Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/12

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entre le patron intéressé et ce syndicat peut devenir aigu, au point que, pour le régler, il faudra nécessairement recourir à la grève. Vous n’engagez pas les travailleurs à la faire, mais vous les invitez, et c’est votre devoir, de s’en préoccuper comme d’une éventualité qui peut s’imposer à eux.

Si vous admettez ce principe, vous êtes engagé. Il ne vous est plus possible de vous dérober, il faut que vous alliez jusqu’au bout. (Vifs applaudissements.)

Imaginez, en effet, qu’au lieu de vous adresser à des Syndicats en formation, vous avez à parler devant les représentants de la Confédération générale de toutes les forces du travail organisées. Envisageant les divers modes d’action qui peuvent s’imposer à eux pour assurer le triomphe de revendications communes à tout le prolétariat, ne seriez-vous pas amenés fatalement à leur dire :

— Quand vous aurez fait vos sommations au patronat, quand vous aurez constaté qu’il reste irréductible devant la légitimité de vos revendications, alors, de même qu’en pareille circonstance s’impose à l’examen du syndicat, la pénible éventualité de la grève partielle, s’imposera aussi à votre examen l’éventualité plus redoutable, mais plus féconde, de la grève générale… (Vifs applaudissements) de la grève générale qui, en face du patronat, mettra debout, pour la première fois, le prolétariat tout entiers. (Vifs applaudissements.)

Le citoyen Filliol. — Voilà la révolution accomplie ! (Exclamations et protestations.)

Le citoyen Briand. — Je serais très heureux que cette ironie pût se traduire à la tribune en objections sérieuses. J’attends que les adversaires de la grève générale viennent exposer les raisons qui leur ont, dès l’origine, fait considérer cette idée comme une utopie. Je considère, moi, qu’elle est, au contraire, essentiellement pratique.