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Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/18

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la légalité, avec la légalité. En se refusant au collier de misère, l’ouvrier se révolte dans la plénitude de son droit. L’illégalité, c’est la classe capitaliste qui la commettrait en se faisant provocatrice, en essayant de violer un droit qu’elle a consacré elle-même. (Vifs applaudissements). J’aurais encore bien des choses à dire, mais on me fait remarquer que mon temps de parole…

Voix diverses. — Mais non, parlez, parlez.

Une Voix. — Et l’armée ?

Le citoyen Briand. — L’armée est bien, en effet, l’obstacle, le danger avec lequel il faudrait surtout compter, en période de Grève générale.

Cette armée, il faut voir ce qu’elle est aujourd’hui, entre les mains de la classe capitaliste.

Une Voix. — Il y a la grève des militaires.

Le citoyen Briand. — On peut préconiser la grève des soldats, on peut même essayer de la préparer, et vous avez raison de me rappeler que nos jeunes militants s’emploient à faire comprendre à l’ouvrier qui va quitter l’usine, au paysan qui va déserter les champs pour aller à la caserne, qu’il y a des devoirs supérieurs à ceux que la discipline voudrait leur imposer. (Vifs applaudissements et acclamations prolongées). Mais, citoyens, s’il est permis de souhaiter que sous l’effort de cette propagande, l’armée devienne, même entre les mains de la Société capitaliste, un danger de plus contre elle, vous ne concéderez que la réalisation de cette espérance paraît encore bien éloignée. La discipline est trop forte, trop brutalement oppressive, pour que, d’ici longtemps, les cerveaux puissent s’en affranchir à l’heure critique où les devoirs du citoyen entrent en conflit avec ceux du soldat.

Mais, en cas de Grève générale, l’armée ne serait plus un instrument aussi souple, aussi docile, entre les mains