Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/17

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certes ! Elle tient surtout, de même que la réussite des guerres modernes, à une question de mobilisation.

Si une Révolution éclatait aujourd’hui dans la forme ancienne, à Paris d’abord, puis successivement dans chacune des villes où nous avons des amis, où nos idées ont progressé, la classe bourgeoise, grâce aux moyens de transports dont elle dispose, avec une armée facilement mobilisable, aurait bien des chances pour étouffer successivement, au fur et à mesure qu’elles se produiraient, nos tentatives de révolte.

Une Voix. — Voyez la Commune.

Le citoyen Briand. — Eh ! oui, citoyens, et la Commune a été vaincue, c’est surtout parce qu’elle a été isolée dans Paris. (Applaudissements.) Avec la Grève générale, un pareil inconvénient n’est pas à craindre. C’est presque simultanément, sur tous les points du territoire, que la bataille s’engagerait. La mobilisation des travailleurs serait aussi rapide que celle des soldats, et c’est partout à la fois que la bourgeoisie aurait à faire face au danger.

Puis, la Grève générale présente sur les autres procédés révolutionnaires, un autre avantage incontestable. Elle donne aux travailleurs plus de confiance et de courage. Il faut compter avec la faiblesse humaine. Ce n’est jamais d’un cœur léger que l’homme se jette dans la mêlée. Au moment où il va quitter sa maison pour prendre part à la lutte, s’exposer peut-être à la mort, il y a des sentiments qui le disputent à la révolte et le retiennent au foyer. Il doit subir les supplications de sa femme, de ses enfants. Entre lui et la rue qui l’appelle, de lourdes responsabilités se dressent. Malgré sa bonne volonté, c’est souvent l’hésitation qui l’emporte et fait rester l’homme au foyer. (Vifs applaudissements.)

La Grève générale présente au militant cet avantage, elle a ceci de séduisant, qu’elle est, en somme, l’exercice d’un droit qui commence dans