Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/20

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d’affolement dans lequel de grandes grèves récentes avaient mis la bourgeoisie ; vous avez pu, par les efforts considérables qu’elle a dû faire pour enrayer le mouvement de solidarité qui gagnait de proche en proche toutes les corporations parisiennes, et menaçait même de s’étendre aux chemins de fer, juger de ceux qu’exigerait d’elle une grève générale des travailleurs français… (Applaudissements.)

Vous m’opposez le résultat des grèves auxquelles je fais allusion. Mais elles n’ont été que partielles. Dans toutes les guerres, il y a des escarmouches et de grandes batailles. Les escarmouches donnent rarement des résultats décisifs, mais elles préparent aux grandes batailles.

Reconnaissons, pour être justes, que la tentative récente a avorté par suite de circonstances exceptionnelles, les travailleurs ayant, dans un esprit d’abnégation que personne ici, je pense, ne songera à leur reprocher, cru devoir faire à cause de la liberté le sacrifice de leurs intérêts particuliers ; puis aussi il faut bien le dire, parce que la propagande en faveur de la grève générale n’ayant pas précisément été encouragée, le prolétariat ne se trouvait pas prêt. (Vifs applaudissements.)

Une Voix. — Elle a trop de détracteurs parmi les socialistes…

Le citoyen Briand. — Permettez-moi de vous affirmer, en tout cas, que, malgré l’avortement de la tentative en question, les travailleurs ne sont nullement démoralisés. Au contraire, éclairés par l’expérience, ils ne demandent qu’à recommencer demain avec une nouvelle ardeur quand les circonstances s’y prêteront… (Vifs applaudissements.)

Une Voix. — Concluez !

Le citoyen Briand. — Je ne demande pas mieux, mais je devrai, forcément, alors, laisser de côté quelques points qu’il eût été intéressant d’envisager.

Une Voix. — Si chaque orateur parlait autant que vous…