Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/21

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Le citoyen Lenormand. — On a bien laissé parler le citoyen Guesde !

Le citoyen Président. — Le temps que l’orateur demande pour conclure n’excède pas cinq minutes ; je prie l’assemblée de vouloir bien me permettre de lui rappeler que le citoyen Briand est justement, en France, un des protagonistes de l’idée qui se traite en ce moment. Je prie donc l’assemblée, en considération de ceci, de l’écouter, même ceux qui ne partagent pas son opinion et de lui faire crédit de quelques minutes supplémentaires. (Vifs applaudissements ; cris : Qu’il parle ! Qu’il parle !)

Le citoyen Briand. — Quand je parlais tout à l’heure, de l’armée en période de Grève générale, quelqu’un a fait cette objection : « Mais si elle devient insuffisante, étant donné le nombre considérable de grévistes et des points de grève, la société bourgeoise aura un moyen bien simple de l’augmenter, ce sera de mobiliser les grévistes. »

Ce serait un moyen, en effet, je le reconnais volontiers, mais je crois que, dans une occurrence aussi grave, la bourgeoisie y regarderait à deux fois, avant de mettre des fusils et des balles entre les mains des grévistes. (Vifs applaudissements.)

Maintenant, il faut que je réponde aussi à ceux de nos amis qu’une instinctive horreur de toute violence porte à espérer que la transformation de la société peut être l’œuvre de la seule évolution. Dans la générosité de leur esprit, ils se refusent totalement à admettre que les profondes modifications dans l’état des hommes doivent être nécessairement précédées de cataclysmes sociaux. Leur optimisme persiste à croire que le prolétariat peut aller à l’émancipation par une voie moins douloureuse : celle des réformes.