Aller au contenu

Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sion de marquer sa déférence envers les Congrès des organisations syndicales, tenus à Marseille, à Nantes, à Limoges, à Rennes, qui se sont prononcés affirmativement sur cette question. Il est déjà fâcheux, à mon avis, que sous l’influence des préoccupations exclusivement politiques, certains de nos camarades parmi les meilleurs, les mieux écoutés, aient cru devoir, dès l’abord, écarter la conception de la Grève générale avec un dédain qu’elle ne méritait pas.

De deux choses l’une, en effet : ou les Congrès ouvriers ont eu raison d’adopter cette tactique, ou bien ils ont eu tort. Dans les deux cas, il est de toute nécessité que les partisans de la Grève générale viennent dire pourquoi ils l’ont préconisée ; que, d’autre part, ceux qui en sont les adversaires et l’ont combattue, exposent les raisons qui la leur ont fait rejeter. Le Congrès jugera. Mais il est absolument indispensable et urgent que le prolétariat soit renseigné, afin qu’il puisse s’écarter au plus vite de la voie où, sur mes conseils et ceux de quelques-uns de mes amis, il s’est engagé, si elle est jugée mauvaise et dangereuse.

Vous me permettrez, citoyens, de persister à croire qu’elle est bonne et féconde, et d’espérer que le Parti socialiste tout entier s’y engagera avec le prolétariat, j’ose même dire à la tête du prolétariat. (Vifs applaudissements.)

Citoyens, si paradoxale que cette déclaration puisse vous paraître, et au risque de frapper d’étonnement ceux de nos amis du Parti ouvrier français qui, depuis le Congrès de Marseille, m’ont-infligé le sobriquet ironique de « général gréviste », je tiens à déclarer, dès le seuil de cette discussion, que je suis personnellement plutôt hostile à la grève. Je ne suis pas un prêcheur de grève… (Protestations et exclamations diverses.) Citoyens, n’interrompez pas déjà ; j’apporte dés arguments, je vous en prie, écoutez-les.(Protestations et applaudissements.)