Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/244

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Et de fait me voilà attaché. Il est clair qu’il viendra me délivrer. Autrement, il ne se serait pas envolé dans les airs.




EURIPIDÈS, en Perseus.

Vierges chéries, aimées, comment approcherai-je et me déroberai-je au Skythe ? (À Ekho.) M’entends-tu, toi qui habites au fond des grottes. Au nom de la Pudeur, je t’en supplie, laisse-moi m’approcher d’une épouse.

MNÈSILOKHOS, en Andromédè.

Il est sans pitié, celui qui m’a enchaîné ainsi, moi le plus infortuné des mortels. Échappé avec peine à une vieille dégoûtante, je n’en suis pas moins perdu. Ce Skythe continue à rester de planton, et il me tient là misérable, sans amis, suspendu, en proie aux corbeaux. Vois-tu ? Je ne suis point ici parmi les chœurs des jeunes filles de mon âge, avec la corbeille aux suffrages, mais enlacée dans des liens serrés, je suis exposée en pâture à un monstrueux Glaukétès. Pour moi pas de pæan nuptial, mais un chant d’esclavage : redites, femmes, d’une voix gémissante, les maux que j’ai soufferts, malheureuse ! Infortunée que je suis, infortunée par la volonté de mes parents ! Souffrances injustes, où j’implore, en arrachant à Hadès des soupirs et des larmes, hélas ! hélas ! l’homme qui m’a rasé d’abord, qui m’a fait ensuite endosser cette robe jaune, et qui a fini par m’envoyer dans ce temple, au milieu des femmes, hélas ! Inflexible dæmôn de la Fatalité ! Je suis maudit ! Qui verrait ma souffrance sans être touché de l’excès de mes maux ? Que l’astre embrasé de l’æther détruise le barbare ! Je n’ai plus la douceur de voir la lumière immortelle, depuis que