Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/410

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jeune fille, et de ne pas avoir à subir d’abord l’accouplement avec cette vieille coureuse ! C’est insupportable pour un homme libre.

PREMIÈRE VIEILLE.

Tu gémiras, de par Zeus ! mais tu t’accoupleras avec moi. Nous ne sommes plus au temps de Kharixénès. Il est juste d’agir conformément à la loi, puisque nous sommes en démocratie. Mais je me retire à l’écart pour observer ce qu’il va faire.

LE JEUNE HOMME.

Faites, ô dieux, que je trouve seule cette belle fille, vers laquelle l’ivresse entraîne depuis longtemps mon désir !

LA JEUNE FILLE.

J’ai trompé cette maudite vieille. Elle a disparu, croyant que je restais à l’intérieur. C’est bien celui-là même que je remémorais. Viens ici, viens ici, toi que j’aime, viens à moi. Avance, et passe entre mes bras la nuit tout entière. Une passion violente m’a saisie pour les boucles de tes cheveux : un désir étrange s’est emparé de moi ; il me dévore, il me tient. Sois-moi favorable, Érôs, je t’en supplie, et fais qu’il vienne partager ma couche.

LE JEUNE HOMME.

Viens ici, viens ici ; accours m’ouvrir cette porte, sinon je tombe et j’expire. Amie, je veux me pâmer sur ton sein et sur tes rondeurs intimes. Kypris, pourquoi me frappes-tu de folie pour elle ? Fais qu’elle vienne partager ma couche.