Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/463

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De la sorte, il fera que les honnêtes gens, devenus riches, respecteront les dieux. Qui pourrait imaginer rien de meilleur pour tous les hommes ?

BLEPSIDÈMOS.

Personne, assurément ; je suis là pour l’attester : ne l’interrogez donc pas.

KHRÉMYLOS.

À voir, en ce moment, comment se passe pour nous la vie humaine, qui ne croirait que tout y est folie, voire même extravagance ? En effet, le plus grand nombre d’hommes qui aient des richesses sont les méchants, dont l’injustice les a gagnées. Beaucoup d’autres, fort honnêtes gens, vivent dans la misère et dans le besoin, n’ayant souvent que toi pour compagne. Je dis donc que, si Ploutos recouvre la vue, ce sera une route ouverte à qui voudra procurer de plus grands biens aux hommes.

PÉNIA.

Ô vous deux, de tous les hommes les plus disposés à radoter, vieillards, compagnons de niaiserie et de démence, s’il arrivait ce que vous désirez, je prétends que vous n’en profiteriez ni l’un ni l’autre. Car que Ploutos recouvre la vue et qu’il se donne à tous également, pas un homme ne voudra exercer un art, une industrie, pas un. Or, quand vous aurez tous deux détruit ces métiers, qui voudra forger le fer, construire des vaisseaux, tourner des roues, couper le cuir, faire de la brique, blanchir, corroyer, fendre avec la charrue le sol de la terre pour en tirer les Fruits de Dèo, puisqu’il vous sera permis de vivre oisifs et libres de tous soucis ?