Vole, vole, Nicodice, ne laisse pas brûler Calyce et Critylle, qui vont être étouffées par ces vieillards sans cœur, exécuteurs de lois impitoyables. Mais j’ai peur d’arriver trop tard. Dès la pointe du jour, je suis allée à la fontaine remplir ce vase, non sans peine, au milieu de la foule, du tumulte et du bruit des cruches, bousculée par les servantes et les esclaves marquées du stigmate. Vite, j’ai enlevé mon urne pleine, et j’accours enfin pour porter de l’eau à mes compagnes qui risquent d’être brûlées vives. J’ai entendu dire que des vieillards, proches de la tombe, apportaient des bûches du poids de trois talents au moins, comme s’ils voulaient faire chauffer un bain. Ils venaient ici à grand fracas, prononçant d’abominables menaces, disant qu’ils allaient incinérer ces scélérates de femmes. Mais n’est-ce pas, ô déesse, que je ne verrai jamais commettre ce crime, et que bien plutôt, grâce à elles, Athènes et la Grèce seront délivrées de leur furie guerrière ?
C’est pour cela, Pallas au casque d’or reluisant, protectrice de la ville, que les femmes ont envahi ton temple. Viens à notre aide, fille de Jupiter, et si quelqu’un veut nous incendier, apporte-nous de l’eau.
Oh ! laissez-moi, ignobles individus ! Eh quoi ! des êtres honnêtes et pieux agiraient-ils ainsi ?