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Page:Aristophane - Lysistrata (trad. Raoul Vèze), 1928.djvu/54

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UN MAGISTRAT DE POLICE

L’arrogance des femmes a suffisamment duré ; elles ont assez gratté les tambourins. Voici assez longtemps qu’elles célèbrent les fêtes de Dionysos et qu’elles pleurent, sur les terrasses de leurs maisons, la mort du bel Adonis. À l’assemblée où j’étais l’autre jour, je les entendais. Démostrate, cet orateur funeste qui mérite la mort, disait qu’il fallait faire voile vers la Sicile, et sa femme psalmodiait en dansant : « Hélas ! Adonis ! » Pendant ce temps, Démostrate répétait qu’il fallait lever des hoplites dans l’île de Zacynthe, alliée d’Athènes, et sa femme, à demi ivre, chantait sur sa terrasse : « Pleurez Adonis ! » et de toutes ses forces il clamait, cet odieux, cet infâme Démostrate, si bien dénommé « bœuf d’attelage ». Oh ! quel atroce libertinage !

CHŒUR DE VIEILLARDS

Que dirais-tu si tu entendais leurs propos insolents ? Après nous avoir abreuvés d’outrages, elles viennent de nous asperger avec l’eau de leurs cruches, et nos habits sont dans un état ignoble, comme si nous avions pissé dedans.

LE MAGISTRAT

C’est bien fait, j’en atteste Poseidon, le dieu des mers. Nous sommes tous responsables de la perversité