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Page:Aristophane - Lysistrata (trad. Raoul Vèze), 1928.djvu/75

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aucune convoitise, je veux seulement remédier aux maux dont nous souffrons. Je paie mon écot au banquet de la vie, puisque je donne des hommes à la communauté. Mais vous, misérables vieillards, en quoi participez-vous aux charges publiques ? Vous avez, au contraire, épuisé le trésor des aïeux, comme on l’appelait, ce trésor composé des dépouilles gagnées aux guerres médiques ; et en retour vous ne payez aucun tribut. Oui, le péril est grave, nous risquons de périr par votre faute. Taisez-vous donc et laissez-nous faire… Si tu m’agaces, toi, je te brise les dents avec mon cothurne, il tapera dur.

CHŒUR DE VIEILLARDS

Quelle honte ! L’outrage ne connaît plus de bornes. Allons, il faut réagir contre cette peste de femmes, si nous avons quelque chose entre les jambes. Enlevons notre tunique : un homme doit agir en homme et sentir l’homme. Quittons tous nos vêtements. Allons, les gars aux pieds nus, c’est nous qui jadis avons occupé Lipsydrion ; retrouvons donc la vigueur de nos jeunes ans, ranimons notre corps, décrassons-le de sa vieillesse. Si nous offrons la moindre prise à ces harpies, elles ne nous feront grâce d’aucun supplice : ce sont elles qui fabriqueront des bateaux, elles qui voudront combattre dans les batailles navales, et contre nous, comme le fit Artémise à la bataille de Salamine. Et si elles se mettent à monter à cheval, nous n’avons