Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


BACCHUS, ESCHYLE, EURIPIDE, LE CHŒUR.
Euripide.

Non, je ne céderai pas la prééminence ; ne m’y engagez pas. Je soutiens que, dans notre art, je mérite la préférence sur lui.

Bacchus.

Eschyle, tu ne dis mot ? Tu l’as cependant entendu.

Euripide.

Il se rengorge d’abord : c’était là souvent sa ressource dans ses tragédies.

Bacchus.

Ô cher ami, sois un peu moins arrogant.

Euripide.

Oh, je le connais, et j’ai jugé de longue main que c’est un homme à manières farouches, dont la bouche est toujours ouverte pour des propos hautains, sans frein, sans mesure, sans borne et d’où les expressions ampoulées sortent en foule[1].

Eschyle.

Vraiment, ô fils d’une déesse champêtre[2] ? Tu te permets ces gentillesses contre moi, toi, artisan de vaines fictions et fabricateur de gueux et de personnages mal vêtus ? Ah je te ferai repentir de tes propos.

Bacchus.

Paix, Eschyle, ne te laisse pas maîtriser par la colère.

  1. Aristophane imite partout la bouffissure d’Eschyle ; il n’a qu’un seul mot pour ce dernier membre de phrase. (b.)
  2. Allusion au métier de la mère d’Euripide ; on sait qu’elle vendait des légumes.