Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/463

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que peu d’argent, il jure qu’il ne m’a vu de sa vie. Si, d’un autre côté, je tombe entre les mains de quelque extravagant débauché, il me livre aux filles de joie et au jeu, et me joue au premier coup de dés, de sorte qu’en fort peu de temps l’on me met tout nu à la porte.

CHRÉMYLE.

C’est que jamais tu n’as rencontré personne qui sache tenir le milieu comme moi ; mais il n’y a point d’homme au monde qui aime plus à épargner que moi et à dépenser aussi quand il le faut. Mais entrons chez nous, car je veux que ma femme et mon fils te voient, mon fils unique, qu’après toi j’aime plus que tout ce qu’il y a au monde.

PLUTUS.

Je le crois.

CHRÉMYLE.

Car pourquoi ne te dirait-on pas la vérité ?

(Ils entrent dans la maison.)


CARION, CHŒUR DE VILLAGEOIS.


CARION.

Mes amis et mes compatriotes, vous tous, qui êtes endurcis au travail et qui jusqu’à présent n’avez mangé que de l’ail avec mon maître, venez, hâtez-vous, accourez, il n’y a pas un moment à perdre : l’affaire est au point où vous pouvez nous être d’un grand secours.

LE CHŒUR.

Ne vois-tu pas que nous marchons le plus vite qu’il est possible à des hommes affaiblis par l’âge et le travail ? Tu crois sans doute que nous devons courir avant de nous dire pourquoi ton maître nous demande.