Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/508

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CHRÉMYLE.

Tu fais là le portrait d’un homme singulièrement épris de toi.

LA VIEILLE.

Mais le perfide n’est plus pour moi ce qu’il était ; il est entièrement changé. Car tantôt, lui ayant envoyé ce gâteau avec cette pleine corbeille de fruits, et lui ayant mandé que j’irais le voir ce soir.....

CHRÉMYLE.

Qu’a-t-il fait, je te prie ?

LA VIEILLE.

Il m’a tout renvoyé, il m’a fait dire que je ne l’allasse jamais voir, et, pour comble de raillerie, il a dit au porteur : « Les Milésiens étaient braves jadis[1]. »

CHRÉMYLE.

Ce jeune homme n’est pas sot. Autrefois qu’il était pauvre, il s’accommodait de tout, mais présentement qu’il est devenu riche, il ne fait plus de cas de la simple lentille.

LA VIEILLE.

Avant ce jour, j’en prends les dieux à témoin, il était à tout moment chez moi.

CHRÉMYLE.

Pour en emporter quelque chose.

LA VIEILLE.

Oh ! point du tout : il y venait pour avoir seulement le plaisir de m’entendre parler.

  1. C’est la réponse que fit l’oracle à Polycrate, roi de Samos, qui demandait s’il lui serait avantageux de s’associer les Milésiens.