Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/16

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tranchée en apparence, n’en demeure pas moins au fond la même ; et il reste toujours à savoir précisément ce que la logique peut faire pour la direction des esprits, et jusqu’où doit s’étendre l’espérance légitime que nous pouvons fonder sur elle. Le sens commun s’étonnera toujours que la logique ne mène pas infailliblement à la vérité : la logique s’ignorant elle-même le lui promettra quelquefois, et ne tiendra pas des promesses qu’elle n’aurait point dû faire. Ces exigences d’une part, cette vaine condescendance de l’autre, sont-elles sans dangers ? Non sans doute, et la question vaut parfaitement la peine qu’on s’y arrête et qu’on l’approfondisse.

Les logiciens anciens ne s’y sont pas trompés. Il n’y a pas un commentateur grec ou arabe, il n’y a pas un scholastique, qui n’y ait donné la plus sérieuse attention. Ceci devait suffire pour avertir les critiques modernes. Un litige tant de fois renouvelé, et qui se renouvelle toutes les fois qu’on touche à la logique, a nécessairement de l’importance. Il est du devoir d’un logicien qui tient à ne pas compromettre la science, de le vider dès ses premiers pas. Aussi presque tous l’ont fait, et tous ont eu raison de le faire, bien qu’ils soient loin d’y avoir tous réussi. On peut signaler comme une chose singulière, et Ramus ainsi qu’Omer