Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/31

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rationnelle. Il est de même de la logique. Certainement elle n’eût jamais conçu ses formules parfaites, sans les formules irrégulières que le langage humain, et la pensée dans son jeu naturel, lui offrent sans cesse. L’homme ne raisonne pas comme la logique le forcerait à raisonner, si elle avait à régler la pratique de son raisonnement, ce qu’elle n’a pas du tout la prétention de faire. Mais la logique, sous cette confusion apparente des raisonnements ordinaires, découvre les lois qui les régissent. Ce n’est pas elle qui les leur impose, c’est elle qui les constate. Elle a de plus cette supériorité sur les mathématiques que, quand elle veut réaliser ses formules, elle le fait d’une manière parfaitement adéquate. Le syllogisme donne la figure logique dans toute sa pureté, dans toute sa force idéale. La matière sur laquelle les mathématiques essaient de réaliser leurs résultats, vient toujours les altérer par son imperfection nécessaire. Pour les formes logiques, la matière n’importe absolument en rien : le syllogisme démonstratif, dans quelque langue qu’il soit exprimé, de quelque façon qu’il soit tracé, n’en porte pas moins son évidence avec lui. C’est qu’il s’adresse à ce discours intérieur de l’esprit, que la parole du dehors représente d’une manière bien plus exacte que les figures matérielles de