Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/32

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géométrie ne représentent les pures conceptions qui leur donnent naissance. La logique peut même imposer, dans une certaine mesure, ses formules inflexibles au raisonnement ; l’exemple de la Scholastique, et tous les ouvrages de logique le prouvent. Mais ces formules ne sont pas du tout celles que suit le raisonnement naturel de l’homme, bien qu’au fond il les recèle. Ce ne sont pas même les formules que la logique adopte habituellement, quand elle veut se produire et faire connaître ses résultats. C’est ainsi que nous pouvons donner aux corps de la nature des formules mathématiques ; mais d’eux-mêmes ils ne les ont presque jamais.

La logique n’est donc pas pure de tout empirisme. Le langage est la source où elle a puisé tous les éléments primitifs dont elle a bâti, plus tard, son solide édifice. L’étymologie même de son nom en fait foi ; et l’esprit humain n’a jamais su mieux discerner, ni mieux exprimer le rapport de deux choses indissolubles, qu’il ne l’a fait dans la langue grecque, en rattachant grammaticalement la logique au langage, soit du dehors, soit du dedans. Le génie indien n’a pas aussi bien vu les deux côtés de la question, et la logique n’est pour lui, dans l’appellation que Gotama lui donne, que l’art de la discussion, et rien de plus.