Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/35

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donc à la psychologie que les matériaux utiles à la démonstration. Tous les autres, elle les rejette et ne les connaît pas ; et ses emprunts sont nettement limités par l’usage même auquel elle les destine. C’est la psychologie seule qui pourra lui apprendre comment se forment, dans la pensée, ces notions générales, sans lesquelles le raisonnement et la science seraient impossibles. Seule elle pourra lui apprendre, d’où vient cette évidence qui éclaire les principes, et qui, des principes, réfléchit son éclat jusque sur les conséquences, quelque éloignées qu’elles soient. La psychologie enveloppe les lois de la logique, comme elle enveloppe les lois de la morale. Ce n’est pas la conscience qui nous fait agir suivant la règle du devoir : elle ne détermine pas chacune de nos actions particulières. Mais c’est elle, quand on sait l’interroger, qui nous révèle ce qu’est la règle que l’homme doit inviolablement garder. De même pour la logique : les lois qui la constituent, c’est la réflexion qui nous les donne dans toute leur clarté, dans toute leur étendue ; ce n’est pas elle qui les fait. L’esprit en s’observant lui-même, trouve en lui et par une même voie les lois de la logique et celles de la morale. C’est l’abstraction qui les dégage de ce fonds commun de la conscience où elles sont mêlées