Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/39

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avoir une forme régulière, systématique, rigoureuse. Plus la science est exacte, plus même sa forme est sévère : et cela est tellement vrai que les mathématiques, dont l’orgueil, pourrait-on dire, s’est adjugé par droit d’excellence le nom général de la science, les mathématiques ont presque la forme pure, la forme idéale de la logique. Elles procèdent par principes et par conséquences ; elles font presque toujours des syllogismes en forme. C’est à peu de chose près de la logique dans toute sa sécheresse et sa pureté. Les mathématiques en tirent vanité, et c’est avec raison. Seulement, il ne faut pas, comme elles le font quelquefois, qu’elles se méprennent sur elles-mêmes, et qu’elles essayent de détrôner la logique en se substituant à elle. Pascal a commis cette énorme erreur, que Malebranche aurait partagée volontiers : « La logique, selon lui, a peut-être emprunté les règles de la géométrie, sans en comprendre la force. » Puis, par une confusion non moins erronée, il ajoute : « La méthode de ne point errer est recherchée de tout le monde : les logiciens font profession d’y conduire ; les géomètres seuls y arrivent. » Pascal, comme on le voit, confond l’art avec la science ; et parce que les logiciens ne conduisent pas infailliblement au vrai, il immole la logique