Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/45

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ne se fortifie point dans le raisonnement même. Mais ce n’est pas par l’application des règles qu’il constate scientifiquement, c’est par l’exercice seul. Tout exercice fortifie le corps : mais tel exercice lui est plus favorable que tel autre, parce qu’il est plus approprié à sa constitution et à sa nature générale. Il en est de même de l’exercice que l’étude de la logique impose à l’esprit : il n’en est pas qui lui convienne mieux ; il n’en est pas qui porte des fruits plus certains et plus mûrs. Malebranche a bien pu croire (Rech. de la Vér. liv. 3, ch. 3, § 4 ; liv. 6, ch. 5) que l’arithmétique et l’algèbre étaient absolument nécessaires pour augmenter l’étendue et la capacité de l’esprit. Que dire alors de la logique, dont l’arithmétique et l’algèbre ne sont que des applications évidentes et directes ? Que dire de la logique, sans laquelle l’arithmétique et l’algèbre ne seraient pas ? Mais de même que pour les exercices corporels, il a fallu d’abord un tempérament énergique et sain, que les travaux développent et soutiennent, mais qu’ils ne font pas, de même aussi la logique ne peut être pratiquée avec succès que par des esprits justes et vigoureux. Les esprits faux, elle les fausse encore davantage, tout comme la fatigue peut hâter la ruine des constitutions débiles, loin de les endurcir. Qui a fondé la logique ?