Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/46

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C’est le plus puissant génie de l’antiquité, si ce n’est le plus vrai et le plus beau ; c’est Aristote. Descartes, Kant même, l’ont agrandie. Le genre humain peut-il citer à sa gloire des esprits plus forts que ces trois-là ? La logique est donc utile directement, en ce que sans elle la connaissance de l’âme humaine est incomplète : elle est utile en ce qu’elle fortifie, autant et mieux que toute autre étude, les intelligences bien faites ; elle est utile, croyons-en Descartes, comme exercice de l’esprit ; et la Scholastique a pu la cultiver durant plusieurs siècles avec le plus immense profit, riche héritage parvenu, grâce à elle, jusqu’à nous, et dont nous lui gardons bien peu de gratitude.

Cette utilité de la logique, toute considérable qu’elle est aux yeux du philosophe, est-elle bien celle que le vulgaire lui attribue, et surtout qu’il lui demande ? Nullement : il demande à la logique de le mener au vrai, comme si la logique savait où se cache le dépôt sacré de la vérité : il lui demande de faire des esprits justes, comme si Dieu ne s’était pas réservé cette faculté qui n’a rien d’humain : il lui demande de rendre l’homme infaillible, comme si l’homme pouvait l’être, pas plus dans ses raisonnements que dans ses actes. Vains désirs, stériles prières, témoignage d’une faiblesse qui s’ignore ! La logique n’a rien à ré-