donc ici tous les éléments divers dont il disposait : historiens, traditions de parti et conclusions tirées des institutions postérieures.
Nous trouvons la même méthode dans le récit de la réforme d’Éphialte (chap. xxv). Thémistocle y est associé à Éphialte, bien qu’il soit à peu près établi qu’en 462/1 il ne pouvait se trouver à Athènes, son exil datant de 472, et bien que d’ailleurs l’Aréopage n’eût pas à intervenir dans son procès ; mais ainsi on insiste sur la fourberie d’un des chefs du parti démocratique, et cela nous indique déjà les tendances d’une des sources d’Aristote. Ce même ouvrage oligarchique donne à Aristote tout le début du chapitre, favorable à l’Aréopage ; mais la première mention qui est faite d’Éphialte l’est en des termes si élogieux qu’elle ne peut provenir que d’une source démocratique (ainsi d’ailleurs que l’expression fonctions surajoutées qui désigne ici les privilèges politiques de l’Aréopage). Puis toute la partie du récit qui unit Éphialte et Thémistocle est d’origine oligarchique. Enfin sur la mort d’Éphialte Aristote accepte des renseignements de source démocratique (les oligarques prétendaient que le meurtrier était resté inconnu), mais peut-être veut-il en tirer une conclusion de tendance différente et montrer que l’audacieux réformateur a vite trouvé son châtiment. Le mélange des deux traditions est donc complet.
Cette méthode de combinaison a des répercussions jusque sur la chronologie, du moins pour la période de la tyrannie de Pisistrate. En effet les chiffres donnés par les chapitres xiv, xv, xvii et xix ne concordent ni entre eux ni avec ceux de la Politique 1315 b 30-34. On comprend d’ailleurs qu’Aristote et ses sources se soient trouvés embarrassés pour fixer une chronologie précise dans une période ancienne et troublée. Du moins pouvons-nous