Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/92

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férence essentielle entre les théories du maître et celles du disciple. Mais Aristote a dû être frappé, comme nous le sommes même encore aujourd’hui, de la grandeur de la pensée qui anime tout le Timée. Remonter jusqu’à l’auteur des choses, et rattacher toutes les créatures à Dieu, « leur artisan et leur père », c’est la dernière et la plus sublime conquête de la raison ; ce n’est pas une audace démesurée que l’homme se permet, Pennis non homini datis ; c’est une nécessité de l’esprit, qui tend irrésistiblement à embrasser, autant qu’il le peut, l’ensemble des choses, et qui ne s’arrête pas avant d’être parvenu au terme extrême. Aristote aussi est monté à ces hauteurs, si peu fréquentées même des philosophes ; et dans la Métaphysique, il s’est expliqué sur quelques-uns de ces problèmes, en un langage qui égale presque celui de Platon et de Socrate, sans d’ailleurs rien emprunter, ni à l’un, ni à l’autre. Mais le Timée, malgré ses lacunes et ses erreurs en physiologie, a pu lui inspirer le désir de chercher dans l’univers l’empreinte divine, et de l’y trouver depuis l’homme jusqu’au plus débile des êtres. De là peut-être, dans Aristote, cet optimisme, qui ne se dé-