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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1072

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garder que l’excellent. Or, en ce genre, l’excellent c’est le milieu entre l’excès et le défaut. Les deux extrêmes contraires nous rendent également blâmables, et nous péchons aussi bien dans l’un que dans l’autre. Puis donc que le meilleur est le milieu, la tempérance tiendra le milieu entre la débauche et l’insensibilité, et elle sera le moyen terme de ces extrêmes.

§ 2. Mais si la tempérance se rapporte aux plaisirs et aux peines, elle ne s’applique pas à toutes les peines ni à tous les plaisirs; elle ne se produit pas dans tous les cas indistinctement où les uns et les autres se produisent. Ainsi, pour prendre du plaisir à voir un tableau, une statue ou tel autre objet analogue, on ne méritera pas d’être appelé intempérant et débauché. De même non plus, pour les plaisirs de l’ouïe ou de l’odorat. Maison peut l’être pour les plaisirs du toucher ou du goût.

§ 3. Un homme ne sera pas tempérant, même à l’égard de ces plaisirs particuliers, parce qu’il n’éprouvera pas d’émotion sous l’influence d’aucun d’eux ; car alors il ne serait qu’insensible. Mais il sera tempérant, si, tout en les sentant, il ne se laisse pas maîtriser par eux, au point de négliger, pour en jouir avec excès, tous ses devoirs; et la vraie tempérance sera de rester sage et modéré, uniquement par ce motif qu’il est bien de l’être.

§ 4. Car si l’on s’abstient de tout excès dans ces plaisirs, soit par crainte, soit par tel autre sentiment analogue, ce n’est plus de la tempérance. Aussi, excepté l’homme, ne