Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1215

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de quelques années de plus qui les changent et les mûrissent ; les autres ont besoin du secours de la médecine, ou de la politique qui les guérit ou les châtie ; car la guérison que procurent les châtiments n’est pas un remède moins efficace que ceux de la médecine. § 2[1]. De même non plus, il ne faut pas en ce qui regarde le bonheur considérer les opinions du vulgaire. Le vulgaire parle de tout avec une égale légèreté, et particulièrement de… ; il ne faut tenir compte que de l’opinion des sages. Ce serait un tort que de raisonner avec des gens qui n’entendent pas la raison, et qui n’écoutent que la passion qui les entraîne. § 3[2]. Du reste, comme tout sujet d’étude soulève des questions qui lui sont entièrement spéciales, et qu’il y en a aussi de ce genre en ce qui regarde la vie la meilleure que l’homme puisse suivre, et l’existence qu’il peut adopter préférablement à toutes les autres, voilà les opinions qui méritent un sérieux examen ; car les arguments des adversaires, quand on les a réfutés, sont les démonstrations des jugements opposés aux leurs. § 4[3]. De plus, il est bon de ne pas oublier le but auquel

  1. Considérer les opinions du vulgaire. Il ne semble pas que, dans la Morale à Nicomaque, Aristote dédaigne autant les sentiments du vulgaire. Il faut toujours les étudier sauf à les juger. Mais il est vrai qu’ici il est question des enfants et des hommes pervers. Le vulgaire ainsi compris mérite peu d’attention. — Et particulièrement de… Il y a ici une lacune dans le texte. On pourrait la remplir en disant : « de cette question » — De l’opinion des sages. Cette fin de phrase que justifie le contexte, est tirée d’une glose dans un manuscrit ; elle n’appartient pas à l’original. — La passion qui les entraîne. Voir la Morale à Nicomaque, livre X, ch. 10, § 4
  2. La vie la meilleure. C’est-à-dire, le bien suprême.
  3. Les moyens de s’assurer. Ceci confirme ce qui a été dit plus haut sur l’objet tout pratique du présent traité. ch. 1, § 2. — Mot qui peut sembler trop ambitieux. Juste sentiment de l’imperfection humaine. — Et de satisfaire l’espérance. Pensées très nobles et très naturelles.