Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1227

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par le raisonnement la vérité sur toutes ces questions ; et nous l’appuierons, pour la démontrer, par le témoignage des faits et par des exemples incontestables. Le mieux serait sans contredit de donner des solutions que tout le monde adoptât d’un avis unanime. Mais si nous ne pouvons obtenir cet assentiment, il faudrait du moins présenter une opinion à laquelle tous les hommes, avec quelques progrès, viendraient peu à peu se ranger ; car chacun porte, en soi un penchant naturel et spécial vers la vérité ; et c’est en partant de ces principes qu’il faut nécessairement démontrer aux hommes ce qu’on veut leur apprendre. Il suffit que les choses soient vraies, bien que d’abord elles ne soient pas claires, pour que la clarté se produise plus tard à mesure qu’on avance, en tirant toujours les idées les plus connues de celles qui d’abord avaient été exposées confusément. § 2[1]. Mais en toute matière, les théories ont plus ou moins d’importance, selon qu’elles sont philosophiques ou ne le sont pas. C’est pour cela que, même en politique, on ne doit pas regarder comme une étude inutile de rechercher non pas seulement le fait, mais la cause ; car cette recherche de la cause est essentiellement philosophique, en quelque matière que ce soit. § 3[2]. Il faut du reste en ceci beaucoup de réserve ; il y a des gens qui,

  1. Philosophiques ou ne le sont pas. En d’autres termes, régulières et méthodiques. — Cette recherche de la cause. C’est là ce qui fait qu’on a pu définir la philosophie assez justement en disant qu’elle est la science des causes.
  2. À des digressions parfaitement vaines. Je ne sais si cette critique s’adresse à Platon ; elle serait assez juste. Mais il faut dire aussi que la forme du dialogue permet et exige même de fréquentes digressions.