sous prétexte qu’il appartient au philosophe de ne jamais parler à la légère, mais toujours avec réflexion, ne s’aperçoivent pas qu’ils sont bien souvent en dehors de leur sujet, et qu’ils se livrent à des digressions parfaitement vaines. § 4[1]. Parfois, c’est simple ignorance ; d’autre fois, c’est présomption ; et il arrive même qu’à ces piéges des gens habiles et fort capables d’agir eux-mêmes, sont pris par des ignorants, qui n’ont et ne peuvent avoir sur le sujet discuté la moindre idée fondamentale ni pratique. § 5 La faute qu’ils commettent tient à ce qu’ils ne sont pas assez instruits ; car c’est manquer d’instruction sur un sujet quelconque que de ne pas savoir distinguer les raisonnements qui s’y rapportent réellement, et ceux qui y sont étrangers. § 6[2]. D’ailleurs, on fait bien de juger séparément et le raisonnement qui essaie de démontrer la cause et la chose elle-même qu’on démontre. Un premier motif, c’est celui que nous venons de dire, à savoir qu’il ne faut pas s’en fier à la théorie et au raisonnement tout seul ; et que souvent il faut bien davantage s’en rapporter aux faits. Mais ici c’est parce qu’on ne peut pas soi-même donner la solution cherchée, qu’on est bien forcé de s’en tenir à ce que l’on vous dit. En second lieu, il arrive plus d’une fois que ce qui paraît démontré par le simple raisonnement est vrai, mais ne l’est pas cependant par la
- ↑ Qu’à ces piéges-là. Le texte n’est pas tout à fait aussi précis.
- ↑ Que nous venons de dire. Ce motif n’a pas été exprimé d’une manière très claire ; il n’est qu’implicitement compris dans ce qui précède. — Bien davantage s’en rapporter aux faits. C’est bien là en effet la méthode ordinaire d’Aristote. — Dans les Analytiques. Premiers Analytiques, livre II, ch. 2, p. 205 et suiv. de ma traduction.