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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1255

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jamais sans la force qui la pousse. § 2[1]. Ainsi, la moralité, le caractère moral de l’âme, relativement à la raison qui doit toujours commander, sera la qualité spéciale de cette partie qui n’est que capable d’obéir à la raison. § 3[2]. Disons donc tout de suite à quelle partie de l’âme se rapporte ce qu’on appelle les mœurs, ou les habitudes. Les mœurs se rapporteront à ces facultés de passions d’après lesquelles on dit des hommes qu’ils sont capables de telles ou telles passions, et à ces états de passions qui font qu’on désigne les gens du nom de ces passions même, selon qu’ils les ressentent ou qu’ils restent impassibles. § 4[3]. On pourrait pousser la division plus loin encore, et l’appliquer, pour chaque cas spécial, aux passions, aux puissances qu’elles supposent, et aux manières d’être qu’elles déterminent. J’appelle passions les sentiments tels que la colère, la peur, la honte, le désir, et toutes ces affections qui ont en général pour conséquences un sentiment de plaisir ou de douleur. § 5[4]. Il n’y a pas là de qualité de l’âme, à proprement parler ; et l’âme y est toute passive. La qualité qui caractérise le sujet, se trouve seulement

  1. La moralité. Les vertus morales n’appartiennent qu’à cette partie inférieure de l’âme qui, sans avoir elle-même la raison, est capable de suivre les conseils que la raison loi donne. Les vertus intellectuelles se trouvent ainsi placées au-dessus des vertus morales. C’est bien là aussi la théorie d’Aristote dans la Morale à Nicomaque.
  2. Les mœurs, ou les habitudes de l’âme. Paraphrase, comme plus haut.
  3. L’appliquer, pour chaque cas spécial. Je ne suis pas sûr d’avoir bien saisi le sens ; l’expression employée dans le texte est assez peu correcte, et les manuscrits n’offrent pas de variantes.
  4. Il n’y a pas là de qualité de l’âme. Toutes ces distinctions ne sont pas fausses ; mais elles peuvent sembler un peu subtiles. — Qui caractérise le sujet. J’ai ajouté ces mots pour rendre la pensée plus claire.