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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1254

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qu’il puisse avoir. La preuve, c’est que la vertu et le vice se rapportent l’un et l’autre aux plaisirs et aux douleurs ; car les châtiments moraux, qui sont comme des remèdes fournis ici par les contraires, ainsi que tous les autres remèdes, viennent de ces deux contraires qu’on appelle la douleur et le plaisir.


CHAPITRE II.

De la vertu morale : c’est un résultat de l’habitude, dont les êtres animés sont seuls capables. — Des passions ; des facultés qu’elles supposent, et des manières d’être qu’elles causent.


§ 1[1]. Évidemment, la vertu morale se rapporte à tout ce qui peut causer ou plaisir ou douleur. Le moral, ainsi que le mot seul l’indique, vient des mœurs, c’est-à-dire des habitudes ; or, l’habitude se forme peu à peu par suite d’un mouvement qui n’est pas naturel et inné, mais qui se répète fréquemment ; et il en est de même pour les actes que pour le caractère. C’est là un phénomène que nous ne voyons point dans les êtres inanimés ; on aurait beau jeter mille fois une pierre en l’air, elle n’y montera

  1. À tout ce qui peut causer plaisir ou douleur. Il y a bien des actes moraux et vertueux où le plaisir non plus que la douleur n’entre pour rien. Cette formule générale n’est donc pas tout-à-fait exacte. — C’est-à-dire des habitudes. Paraphrase que j’ai dû mettre, parce que, dans notre langue, le rapport étymologique des deux mots n’est pas aussi évident.