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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1261

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théorique, ni pratique, ne dit ni ne fait rien d’analogue pour compléter ses définitions ; et l’on ne prend jamais ces précautions que contre le charlatanisme logique des discussions. § 14[1]. Nous nous bornerons donc à ce que nous venons de dire ; et nous donnerons des explications plus détaillées et plus précises, lorsque nous parlerons des manières d’être morales opposées les unes aux autres. Quant aux espèces diverses de toutes ces passions, elles tirent leurs noms des différences que présentent ces passions mêmes, par l’excès ou de durée, ou d’intensité ou de tel autre des éléments qui constituent les passions. § 15[2]. Je m’explique. On appelle irascible celui qui éprouve le sentiment de la colère plus vite qu’il ne faut ; on appelle dur et cruel celui qui le porte trop loin ; rancunier, celui qui aime à garder sa bile ; violent et injurieux, celui qui va jusqu’aux sévices que la colère amène. § 16 On dira des gens qu’ils sont gourmands, ou gloutons, ou ivrognes, lorsqu’en toute espèce de jouissances provoquées par les aliments, ils se laissent emporter à de grossiers appétits que réprouve la raison.

§ 17[3]. Il ne faut pas oublier de remarquer aussi que certaines dénominations de vices ne viennent pas de ce

  1. Quand nous parlerons. L’auteur veut sans doute désigner les analyses de vertus particulières et les vices, qui viendront plus loin.
  2. Rancunier. Notre langue n’a pas de mot plus relevé pour exprimer cette idée.
  3. Il ne faut pas oublier de remarquer. On retrouve des idées tout à fait pareilles dans la Morale à Nicomaque, loc. laud.