Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/130

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faire une non moins grande et non moins erronée à l'État. Il décide du bonheur, puisqu'il décide de la vie, s'il le veut ; et l'on arrive ainsi par une consé- (}uence assez spécieuse, si ce n'est fort raisonnable, à subordonner la morale, qui ne se (latte guère de cet absolu pouvoir.

Pour être juste, il faut dire que c'est peut-être Platon qui a induit Aristote à cette méprise. Dans lu République i, Socrate exprime cette opinion qu'il est plus facile d'étudier la justice dans les Etats que dans les hommes, de même qu'il est plus facile de lire de grosses lettres que d'en lire de très-petites ; et comme les caractères de la justice et des autres vertus lui semblent plus apparents dans l'État, c'est là qu'il veut les rechercher. On sait d'ailleurs qu'il n'en fait rien ; et que c'est tout au contraire à la conscience de l'individu qu'il s'adresse, projetant sur la société les clartés de ce foyer, splendide, tout étroit qu'il est. Mais le disciple a pu se tromper à ce conseil, que le maître ne suivait pas après l'avoir donné, et croire que la politique avait des lumières (juc la morale ne possédait j)oint et qu'elle ferait bien d'empruntci".

(1) l'iatoii. nvptihiiijuc, II, 86^ 87.

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